RADIO – Chronique : “Kimono , Au bonheur des dames” – Musée Guimet – Radio Campus Paris

5 avril 2017 0 Par laetitiaadumont

 “Tour des Facs” 2017 – Radio Campus Paris – Parvis Université Sorbonne – Nouvelle (Paris 3)

• Chronique Radio Culture – © Laetitia Asgarali Dumont •

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Aujourd’hui Laetitia tu vas nous parler culture japonaise & mode avec l’exposition « Kimono- Au bonheur des dames ». Une expo actuellement au musée des arts asiatiques de Paris, le Musée Guimet, jusqu’au 22 mai prochain.

Avec cette exposition c’est vraiment un morceau de Japon qui s’est installé dans la capitale. Inédite et unique en son genre en France, c’est la première fois que des kimonos aussi rares sortent du Japon pour être présenté au grand public.

On doit cette collection à la maison de mode Matsuzakaya qui met en lumière, l’évolution de la mode japonaise, à travers des pièces de collections du 17 ème siècle jusqu’à nos jours.

Destiné au passionné de la culture japonaise mais aussi aux adeptes de créations artistiques ; Le but principal de l’expo est ici de nous montrer les transformations de ce vêtement au fil de l’histoire japonaise, mais aussi les mutations provoquées par son passage du monde orientale vers le monde occidental.

 

A quel type de vêtement correspond le Kimono ?

Initialement le mot Kimono désignait tous types de vêtements que l’on pouvait porter. Avec le temps, ce mot c’est associé à la robe traditionnelle japonaise tel que nous la connaissons aujourd’hui.

Un Kimono, c’est simplement 7 bandes longues de tissus cousues et repliées qui donne à ce vêtement une forme en T. De par sa forme caractéristique, le Kimono a un dos pareil à une toile ce qui permet aux couturiers une grande expression artistique. De nombreux motifs à la symbolique fortes sont généralement brodés le long du vêtement. Le kimono est noué sur le devant à l’aide d’une ceinture rigide très large appelée « Obi » et ce porte avec des accessoires spécifiques tel que des épingles décoratives ou des peignes pour cheveux.

 

Quel est son histoire ?

A la base c’était un vêtement porté quotidiennement par les classes populaires et ce dès l’époque médiévale car il était facile de le fabriquer. Il s’est ensuite démocratisé dans le milieu bourgeois pour mettre en avant les tissus et la richesse des marchands. Par la suite le kimono s’est imposé au sein de l’aristocratie japonaise vers le 17 ème siècle, principalement chez les grandes familles de combattants japonais.

Aujourd’hui il n’est plus porté au quotidien, uniquement lors de fêtes traditionnelles, mais le kimono reste l’un des seuls habits dans l’histoire mondiale qui est porté depuis plusieurs siècles par toutes les classes sociales et par les deux sexes.

 

Pourquoi l’expression « Au bonheur des dames » dans le titre de l’exposition ?

Car c’est là l’un des autres objectifs de cette expositions ; nous montrer l’importance de ce vêtement dans les différentes étapes de la vie d’une femme japonaise. De sa jeunesse à son mariage puis à l’âge adulte le kimono l’accompagne et se fait plus léger en motifs avec le temps.

Pour les jeunes femmes par exemple, le tissu est léger avec des éléments floraux cousus sur l’ensemble du vêtement. Les décorations sont composées de motifs traditionnels comme des tiges de bambou ou fleurs de prunier qui symbolisent des vertus.

Lors des cérémonies de mariage, on utilise plutôt des tissus précieux qui sont richement brodés d’animaux de toutes sortent comme les grues par exemple, qui évoque la prospérité.

On voit aussi dans les quelques estampes disséminées le long de l’expo, comment l’accessoirisassions des kimonos est primordial et renvoient des messages sociaux aussi important que le vêtement lui-même.

 

Dans cette exposition, est qu’une pièce a particulièrement retenu ton attention ?

Oui c’est le cas d’un kimono de cérémonie en lin bleu roi qui m’a vraiment marqué. Il est décoré de camélias et de fleurs de cerisiers aux couleurs pastelles sur le bas du vêtement, mais avec sur le haut des dizaines de broderies en fil d’or représentant un animal surprenant : la Chauve-souris ! Sachant que pour la plupart d’entre nous cet animal ne renvoie pas à l’image la plus positive qui soit ; j’ai cherché des réponses dans la multitude de textes que l’on trouve autour des kimonos. Et j’ai finalement appris que c’était en fait un symbole de longévité pour la classe dominante aristocratique.

Donc l’expo met vraiment en lumière toute la symbolique de ce vêtement en nous expliquant les codes et représentations relatifs à l’âge, au rang mais aussi à l’époque ; Car à l’ouverture du Japon vers le monde occidental au 19 ème siècle, le kimono se modernise en devenant un habit qui ne sera destiné qu’aux grandes occasions.

 

L’exposition nous présente aussi des réinterprétations du Kimono par des créateurs occidentaux ?

Oui car beaucoup de grands couturiers se sont inspirés du kimono pour réinventer la mode du 20 ème siècle. Tel Poiret avec une robe portefeuille fluide, Gautier avec un déshabillé rouge très osé ou encore Kenzo ou Dior qui l’ont utilisé comme base pour de nombreuses collections. La création qui est vraiment la plus spectaculaire dans l’exposition est celle qu’a réalisé Yves Saint Laurent en 1994. C’est un manteau aux manches amples, fait dans un tissus vert et violet très brillants et simplement fermé par une broche en dentelle. Il joue sur le mélange de broderies françaises et de motifs japonais floraux. C’est vraiment par cette pièce que l’on voit l’influence du Kimono sur la mode française.

Eh bien merci Laetitia pour toutes ces infos ! L’exposition « Kimono au bonheur des dames » est à découvrir au Musée Guimet, à Paris, jusqu’au 22 mai 2017.

Photo de couverture : Laetitia A. Dumont